Dans les collines qui entourent Kyaukme, petite ville de l’Etat Shan au nord-est de Mandalay, l’ethnie Palaung vit paisiblement. En apparence. Car la guerre n’a pas épargné ces villages devenus pour un temps le théâtre désolant des terribles exactions entre l’armée gouvernementale et les milices locales. Aujourd’hui, les affrontements se font plus rares. En ouvrant partiellement le pays au tourisme, la junte militaire a aussi réduit sa répression contre le peuple birman. Nombreux sont les anciens rebelles qui ont abandonné les armes pour retrouver l’activité de leurs pères : l’agriculture. Même si les souvenirs sont encore vifs, les villages ont retrouvé une vie rythmée par les prières et les durs labeurs aux champs. Dans les maisons rustiques, les photographies de famille côtoient les portraits d’Aung San Suu Kyi et de son père, Aung San, restes d’une lutte passée ou rappel d’un combat quotidien. Les paysans soutiennent plus que jamais la cause de cette figure de l’opposition, mais leur sentiment de résistance demeure désormais sous une autre forme. Perchés sur les flancs verdoyants des montagnes, les villages vivent à contre-courant d’une modernité qui n’a pas épargné la dictature. Abrités par leurs traditions, les Palaung cultivent la terre, bâtissent leurs maisons et transmettent leur savoir. Loin des routes goudronnées, ils survivent et font survivre leur histoire. C’est leur manière à eux de résister. Rencontre avec les gardiens d’une culture.